L'agriculture est le pilier de l'économie kényane. Elle occupe plus de 70 % de la population des zones rurales et représente 26 % du produit intérieur brut (PIB). Le Kenya est pourtant confronté à une augmentation du chômage des jeunes, dans les villes comme dans les campagnes. Environ 30 % des Kenyans âgés de 20 à 24 ans sont sans emploi. Augmenter le taux d’emploi des jeunes dans l’agriculture pourrait fortement résoudre ce problème.
C’est précisément un des objectifs du projet VijaBiz (L’agrobusiness pour émanciper les jeunes au Kenya) du CTA.
Le projet a été conçu par le CTA et la Fondation USTADI du Kenya, à la suite d’un appel à propositions du Fonds international de développement agricole (FIDA). Il est mis en œuvre et financé par le CTA et l'organisation kényane. « Nous sommes convaincus que l’agriculture offre aux jeunes de réelles perspectives de développement d’entreprises rentables dans des pays comme le Kenya. Plus de jeunes doivent y avoir accès et il est essentiel d’appuyer le développement de leurs entreprises », explique Ken Lohento, responsable du projet au CTA. « Beaucoup de jeunes ont des idées innovantes et sont prêts à prendre des risques. Malheureusement, il leur manque souvent les compétences, les connaissances et les capitaux nécessaires à la création d’entreprises agroalimentaires viables. »
En septembre 2018, dans deux comtés, une invitation à participer au projet a été lancée à la radio, dans les journaux et sur internet et a suscité l’intérêt de 380 groupes de jeunes. Les groupes devaient compter au minimum 10 membres, dont au moins 30 % de femmes. Quatre-vingt-dix pour cent de ces jeunes ont moins de 35 ans, y compris les chefs de groupe. Au terme d’une procédure de sélection et avec l’appui des gouvernements des comtés de Kilifi et de Nakuru, le CTA et l'USTADI ont retenu 165 groupes de jeunes, qui représentent au total environ 2 400 jeunes agriculteurs et un millier de petites entreprises agroalimentaires.
Le projet VijaBiz a été lancé au niveau national en août 2018 à Nairobi en présence de responsables des gouvernements des deux comtés et du ministère national de la Jeunesse. Tous les groupes de jeunes sélectionnés reçoivent du projet un appui financier pour développer leur entreprise. Des séances de formation les aident à identifier des débouchés dans trois filières – céréales, pêche et produits laitiers – et à acquérir les compétences dont ils ont besoin pour valoriser les produits agricoles. Les groupes de jeunes bénéficieront aussi d'une formation en leadership et pourront acquérir d’autres compétences pour renforcer leurs entreprises, à tous les niveaux de la chaîne de valeur, notamment dans le domaine des TIC pour le secteur agroalimentaire. Des services de mentorat et d’analyse des activités commerciales, ainsi qu’une aide à l’accès au financement et à diverses opportunités de croissance, leur seront offerts pendant la durée du projet.
Un des groupes de jeunes sélectionnés est le Blessing Hand de Nakuru. Il compte douze membres, dont neuf femmes. Actif dans la filière des céréales, il se concentre sur les activités de broyage, le conditionnement et la vente. Un autre groupe, le Greenbelt Youth Group (douze membres), entend se spécialiser dans la filière des produits laitiers, dont la vente de lait frais et de yaourts locaux. Citons encore le Kibao Kiche Fish Farmers Group, un groupe de 25 membres (dont neuf femmes) basé à Kilifi. Il est spécialisé dans la vente des produits de la pisciculture en étangs.
VijaBiz offrira aux groupes de jeunes des subventions de 1 000 à 20 000 $. Cette aide leur permettra d’acheter du matériel – comme des machines et des entrepôts frigorifiques pour les légumes et le poisson – et de faire appel à des services de conseil aux entreprises. Le projet, d'une durée de deux ans, développera les compétences de 2 250 jeunes et les entreprises bénéficiant de l’appui de VijaBiz auront un effet indirect (création d’emplois) sur au moins 10 000 jeunes.
Selon les Nations unies, la population du Kenya devrait passer de 50 millions aujourd'hui à environ 85 millions en 2050. Les projets axés sur la transformation du secteur agricole par l'émancipation des jeunes et des femmes constituent un modèle pour s'attaquer au double problème de la faible productivité et du taux de chômage élevé.